Les forêts tunisiennes, riches en biodiversité et en services écosystémiques, sont étroitement liées aux sociétés rurales qui vivent à leur proximité. Aujourd’hui, face à l’ampleur des défis environnementaux — changements climatiques, incendies, déforestation, conflits d’usage — il devient urgent de reconnaître, renforcer et structurer le rôle de la société civile dans la gouvernance forestière. Les communautés locales, les coopératives, les associations de développement, les ONG environnementales et les initiatives citoyennes ont démontré, à travers diverses expériences, leur capacité à gérer durablement les ressources forestières, à restaurer les écosystèmes et à innover dans les modèles de cogestion.
Dans ce contexte, PAGECTE, un des quatre Volets du programme « Tunisie Verte & Durable » pour l’appui de l’Union européenne à l’action environnementale en Tunisie, a organisé le 14 novembre 2025 à la Cité des Sciences de Tunis, la Journée Nationale “Forêts et Société Civile” ayant pour objectif de valoriser ces initiatives, renforcer les capacités locales et plaider pour un cadre plus inclusif, participatif et équitable de gouvernance des forêts en Tunisie, plus spécifiquement il s’agissait de mettre en lumière le rôle clé de la société civile et des communautés dans la gestion durable des forêts tunisiennes et promouvoir leur intégration dans les processus de gouvernance forestière.
Cette journée a réuni des associations de développement rural, des ONG environnementales, des groupes citoyens, des coopératives et groupements féminins ou de jeunes, des représentants des autorités locales et régionales, des acteurs de la recherche et partenaires au développement, et des médias spécialisés dans l’environnement et le développement local.
Durant cette journée plusieurs personnalités et experts ont pris la parole :
Mme Zina Skandrani, Cheffe du projet PAGECTE, a ouvert la journée en rappelant que « depuis quelques jours la COP30 s’est ouvert au Bresil et parmi ses thèmes il y avait l’importance des forets dans la lutte contre les changements climatiques ». « Les forets et le reboisement ont une importance capitale en matière de résilience climatique en Tunisie, et le rôle de la société civile est capital à cet effet notamment par leur capacités de mobilisation de volontaires et leurs actions à l’échelle locale » a-t-elle ajouté.
Mme Aouatef Messaï, Chargée de la qualité de vie au sein du ministère de l’environnement, a insisté sur le fait que « le secteur forestier a une importance capitale en matière de transition écologique ». « Il faut rétablir notre relation avec la nature pour stopper sa dégradation en adoptant des attitudes et des idées capables de réveiller les consciences et respecter la biodiversité à travers des approches participatives » a-t-elle soutenu en ajoutant que « la stratégie de la Tunisie tient compte de plusieurs facteurs parmi lesquels la dégradation du climat, le déséquilibre des écosystèmes et l’importance de la gestion durable des déchets ». « Un grand nombre de projets d’adaptation ou d’atténuation des effets des changements climatiques sont actuellement en cours, comme celui de la Ceinture Verte qui sera mis en œuvre de 2026 à 2036 et qui contribuera à atteindre les objectifs de la stratégie nationale » a-t-elle souligné.
M. Naoufel Ben Haha, représentant de la Direction générale des forêts, a insisté sur le rôle des forets et des parcours pastoraux dans le développement socioéconomique du pays en soutenant que les efforts en matière de recherches scientifiques ainsi qu’en matière de communication et de sensibilisation dans ce secteur seront toujours déterminants. « Les forets et les espaces pastoraux sont primordiaux dans la lutte contre la désertification et nécessitent une attention particulière de tous les acteurs pour atténuer les effets des changements climatiques » a-t-il insisté. Selon M. Ben Haha « plusieurs régions tunisiennes sont directement concernées et nécessitent de grands efforts ». « La société civile est un partenaire majeure et nous sommes ouverts à toutes les initiatives sérieuses pour la protection des forets et des parcours pastoraux » a-t-il souligné.
M. Nadhem Rachdi du PAGECTE a rappelé les principaux défis actuels en Tunisie: La perte de la biodiversité, la raréfaction des ressources naturelles, et la crise climatique. « A cet effet, un programme d’appui intitulé ‘Tunisie Verte & Durable’ a été lancé pour appuyer 4 projets : , GREENOV’I, ARESSE, LOCAL et PAGECTE » a expliqué M. Rachdi. « Le projet PAGECTE s’articule autour de plusieurs axes de travail dont celui qui vise l’implication active de la société civile dans l’action environnementale. Leur sensibilisation et leur mobilisation citoyenne, leurs actions concretes de terrain et le renforcement de leurs capacités institutionnelles et du plaidoyer vont constituer le cœur de notre travail en faveur de la société civile » a précisé M. Rachdi. « Nous allons également soutenir certains projets d’associations pour contribuer à développer la durabilité, la capitalisation et la mise à l’échelle des actions de la société civile » a-t-il ajouté en insistant sur l’importance du réseautage associatif pour optimiser l’action de la société civile.
La journée s’est poursuivie à travers des exposés et des discussions autour des panels suivants : Le rôle de la société civile et des communautés locales dans la cogestion durable et intégrée des écosystèmes forestiers ; l’implication des OSC dans la gouvernance du domaine forestier ; et le plaidoyer stratégique forestier. A cette occasion, les associations Tunisie clean-up, Focus Coopération, les Scouts de Tunisie, et l’association Enfants de la terre ont pris part aux différents panels en apportant leurs témoignages et exposant leurs principals activités. Tous ces acteurs de la société civile ont plaidé pour plus de partenariats avec les pouvoirs publics , en attirant l’attention sur l’importance de la protection sociale des travailleurs et artisans forestiers ainsi que la valorisation de leurs produits, sans oublier l’utilité de l’intégration des outils technologiques innovants dans les projets associatifs.